

Les 133 cardinaux électeurs sont arrivés à Rome pour le conclave
La totalité des 133 cardinaux électeurs sont arrivés à Rome pour participer au conclave, a annoncé lundi le Vatican, ouvrant la voie au processus d'élection du successeur du pape François qui débutera officiellement mercredi.
Les cardinaux électeurs, c'est-à-dire ceux âgés de moins de 80 ans, se réuniront ce jour-là dans la chapelle Sixtine et continueront à voter dans le secret jusqu'à ce que l'un d'eux obtienne la majorité des deux tiers et devienne le chef des 1,4 milliard de catholiques dans le monde.
Signe concret de l'imminence du conclave : lundi matin, à l'aide d'une grue, des techniciens ont installé sur le balcon de la basilique Saint-Pierre des rideaux rouges à travers lesquels le pape élu fera sa première apparition publique.
- Un "guide" -
Lundi, les , électeurs ou non, se retrouvent en "congrégations générales", des réunions à huis clos pendant lesquelles ils établissent le portrait robot du successeur de Pierre et les priorités pour le prochain pontificat.
Ce futur "pasteur proche de la vie concrète des gens" devra affronter de nombreux défis, notamment la crise environnementale, les guerres et la "fragmentation du monde" mais aussi "les divisions internes de l'Eglise".
Un portrait ressemblant à s'y méprendre au pape défunt, "révolutionnaire" pour certains, dont le pontificat fut, 12 années durant, marqué par une très grande popularité mais aussi une farouche opposition interne.
Les fidèles ont aussi leur avis sur le futur pape.
Interrogée par l'AFP place Saint-Pierre, Isabelle Gervasio, une retraitée de 69 ans de Saint-Raphaël (sud-est de la France), voudrait voir "la prolongation de ce qu'a commencé François", avec davantage de droits pour les femmes.
"Le jour où on aura le droit d'avoir des prêtres, des religieux mariés comme dans certaines religions, je pense qu'il y a beaucoup de monde qui reviendra vers l'Eglise", poursuit-elle.
Francesco Melia, un retraité italien de 69 ans, espère quant à lui "un peu plus d'ouverture vers les jeunes".
- Michel-Ange -
Artisan d'une profonde réforme de l'institution deux fois millénaire, François a nommé quelque 80% des électeurs, notamment dans des pays marginalisés par l'Eglise ou éloignés de l'Europe.
Conséquence de ce remodelage : avec 70 pays des cinq continents représentés, un record, ce conclave s'annonce déjà comme le plus international de l'Histoire mais aussi parmi les plus ouverts.
Des Italiens Pietro Parolin et Pierbattista Pizzaballa au Maltais Mario Grech en passant par l'archevêque de Marseille Jean-Marc Aveline ou le Philippin Luis Antonio Tagle, plusieurs noms ont émergé parmi les "papabili", ceux considérés comme favoris.
Mais, à l'image de l'élection de Jorge Bergoglio en 2013, "une surprise" est aussi possible, prévient auprès de l'AFP le vaticaniste italien Marco Politi, qui évoque "le conclave le plus spectaculaire des cinquante dernières années".
Une mise en garde rappelant un dicton célèbre à Rome : "Qui entre pape au conclave en ressort cardinal".
Au Vatican, les préparatifs battent leur plein : la chapelle Sixtine a été aménagée pour accueillir le cérémonial hérité du Moyen-Âge à partir de mercredi après-midi dans le décor majestueux des fresques de Michel-Ange, dont l'impressionnant Jugement Dernier.
Lundi, le personnel entourant les cardinaux pendant le conclave - agents d'entretien, cuisiniers, médecins, etc. - devait prêter serment, jurant de garder le secret sous peine d'excommunication.
- Paris en ligne -
Les jours suivants, coupés du monde, les cardinaux voteront quatre fois par jour - deux fois le matin, deux l'après-midi - à bulletins secrets, qui seront ensuite brûlés dans un poêle.
Le monde aura alors les yeux rivés sur la cheminée métallique perçant le toit de la chapelle, d'où émanera, tous les deux tours de scrutins, une fumée blanche en cas d'élection, ou noire si la majorité des deux tiers - 89 voix - n'est pas atteinte.
Violences sexuelles, crise des vocations, finances, etc. ; nombreux sont les défis attendant le 267e pape, à la fois chef d'Etat et boussole morale dans un monde en proie à des conflits majeurs et marqué par la montée des gouvernements populistes, le développement de l'intelligence artificielle et la crise écologique.
Couvert par quelque 5.000 journalistes, ce conclave suscite un intérêt inédit, bien au-delà des sphères religieuses, à l'image des millions d'euros de paris sur l'identité du prochain pape, du succès des jeux en ligne ou des records du film américano-britannique Conclave, avec Ralph Fiennes, sorti en 2024.
Pour le cardinal Jean-Paul Vesco, l'archevêque d'Alger, la ligne de fracture entre cardinaux "n'est ni Nord-Sud, ni fonction des périphéries" mais est plutôt tracée entre "ceux qui jugent nécessaire de recadrer les choses et d'autres qui appellent à poursuivre le chantier", a-t-il confié à l'AFP.
Face aux profondes divisions traversant l'Eglise, "on peut dire ironiquement qu'il y a le choix entre un pape qui freine et un pape qui avance très lentement. Car, on le sait, il n'y aura pas de François II", prédit Marco Politi.
Devant les profondes divisions que traverse l'Eglise, le prochain pape devra être une figure de "consensus" capable de "raccommoder" les différents courants à travers davantage de collégialité, estime-t-il.
X.Baker--VC