

Trump pilonne Obama dans l'espoir de désamorcer la polémique Epstein
Empêtré dans l'affaire Epstein, Donald Trump essaie de rediriger la frustration de ses partisans et l'attention médiatique vers Barack Obama, qu'il est allé jusqu'à accuser de "trahison" mardi.
Alors qu'il recevait le président philippin dans le Bureau ovale, le dirigeant républicain a été interrogé sur le dernier rebondissement du dossier ultra-sensible de Jeffrey Epstein, riche financier mort en cellule en 2019 avant son procès pour crimes sexuels.
Le ministère de la Justice a annoncé mardi vouloir interroger Ghislaine Maxwell, ex-compagne et complice du délinquant sexuel au carnet d'adresses foisonnant, avec lequel Donald Trump a entretenu des relations amicales.
Le président américain a assuré qu'il n'était pas au courant de cette initiative et que de toute façon il "ne suivait pas cela de très près", lui que certains partisans accusent de ne pas faire toute la lumière sur les agissements de Jeffrey Epstein.
Le milliardaire s'est ensuite lancé dans des diatribes virulentes contre l'ancien président démocrate Barack Obama (2009-2017), selon lui "coupable" de "trahison".
- "Chef de gang" -
Il l'a dépeint en "chef de gang" qui "tentait de monter un coup d'Etat". "Voilà ce dont vous devriez réellement parler", a lancé le président républicain aux journalistes, après avoir accablé la presse de critiques.
"Par respect pour la fonction présidentielle, nous ne répondons pas d'ordinaire au flot constant d'absurdité et de désinformation provenant de la Maison Blanche. Mais ces déclarations sont suffisamment scandaleuses pour mériter une réponse. Ces allégations saugrenues sont ridicules et constituent une pauvre tentative de détourner l'attention", a commenté Patrick Rodenbush, porte-parole de Barack Obama, dans un communiqué.
Le milliardaire a qualifié le regain d'intérêt pour l'affaire Epstein de "suite de la chasse aux sorcières" dont il se dit victime de la part de ses opposants politiques, lui qui a été condamné une fois et plusieurs fois poursuivi au pénal.
La directrice du renseignement national Tulsi Gabbard avait publié vendredi un rapport accusant Barack Obama et son entourage de "complot" en lien avec les accusations d'ingérence russe dans la campagne de 2016, qui a porté Donald Trump à la Maison Blanche.
Le républicain a toujours rejeté les conclusions des services de renseignement américains, selon lesquels Moscou a oeuvré pour favoriser sa première élection. Mais ses attaques ont redoublé d'ardeur ces derniers jours.
Elles "participent d'une volonté de détourner l'attention" et de "présenter le président comme victime d'un complot démocrate. Si Trump arrive à faire décoller cette idée, alors il peut l'appliquer au cas Epstein" et rallier sa base, sensible à cette rhétorique de persécution, décrypte pour l'AFP Todd Belt, professeur de sciences politiques à l'université George Washington.
Dimanche, Donald Trump avait diffusé sur son réseau Truth Social une vidéo vraisemblablement générée par intelligence artificielle, montrant le premier président noir des Etats-Unis être arrêté dans le Bureau ovale par des agents du FBI.
"Après ce qu'ils m'ont fait, et que ce soit bien ou pas, il est temps de traquer des gens", a dit le président républicain mardi.
- Colère -
L'affaire Epstein a rebondi le 7 juillet quand le gouvernement américain a dit ne pas avoir de preuve de l'existence d'une liste secrète de clients du riche financier.
Cela a suscité la colère de figures du mouvement "Maga" de Donald Trump, persuadées depuis des années que les autorités protègent des personnalités de premier plan liées à Jeffrey Epstein.
Pour tenter de les apaiser, le ministère de la Justice se tourne donc vers Ghislaine Maxwell, condamnée en 2022 à 20 ans de prison pour trafic sexuel.
"Si Ghislaine Maxwell a des informations sur toute personne qui a commis des crimes ou des délits sur des victimes, le FBI et le ministère de la Justice écoutera ce qu'elle a à dire", a promis dans un communiqué Todd Blanche, numéro deux du ministère, qui la rencontrera dans sa prison de Floride "dans les prochains jours".
Dans un sondage YouGov/The Economist rendu public mardi, 56% des personnes interrogées critiquent la manière dont Donald Trump gère l'affaire Epstein, 22% l'approuvent et 22% n'ont pas d'opinion.
Parmi les seuls électeurs républicains, 45% sont satisfaits de la manière dont le résident républicain mène ce dossier, 30% se disent indécis et 25% mécontents.
I.Lee--VC