Vancouver Courier - Suriname: fin du vote pour savoir qui gérera la future manne pétrolière

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Suriname: fin du vote pour savoir qui gérera la future manne pétrolière
Suriname: fin du vote pour savoir qui gérera la future manne pétrolière / Photo: © AFP

Suriname: fin du vote pour savoir qui gérera la future manne pétrolière

Les opérations de dépouillement des législatives au Suriname ont débuté dimanche et la composition de la future assemblée, chargée d'élire le président qui aura à gérer la transformation de ce pays pauvre d'Amérique du Sud grâce à une nouvelle manne pétrolière, doit être connue dans la nuit.

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Selon des données provisoires, quelque 63% des électeurs se sont déplacés pour choisir entre la continuité avec l'actuel président Chan Santokhi, et le retour de la domination du parti de l'ex-président Desi Bouterse, récemment décédé.

"Il n'y a pas de doutes sur le déroulement du processus électoral. Le résultat sera ce que les Surinamais ont choisi", a déclaré à l'AFP Irene Klinger, cheffe de la mission d'observation électorale de l'Organisation des Etats américains (OEA).

Cette ancienne colonie néerlandaise, minée depuis son indépendance en 1975 par des rébellions et coups d'Etat, dispose d'importantes réserves pétrolières offshore découvertes récemment.

Elles devraient offrir au pays, où 20% de la population vit sous le seuil de pauvreté, des revenus financiers inédits à partir de 2028, quand débutera l'exploitation d'un bloc offshore d'une production estimée à 220.000 barils par jour, beaucoup plus que les 5 à 6.000 actuels.

"J'espère vraiment qu'on réussira à faire quelque chose avec tout ce pétrole", a confié à l'AFP Omar Tariq Kohinor, livreur de 30 ans, après avoir rempli son devoir électoral.

"J'espère que ça va changer notre pays en bien, qu'on vivra mieux, qu'on pourra avoir de meilleures routes, un peu plus de sécurité dans nos vies, une meilleure éducation pour nos enfants, de meilleures conditions pour les étudiants", renchérit une employée de banque de 26 ans qui répond au nom de Rayshrie.

- Coude-à-coude -

Le président sortant Chan Santokhi, ancien policier puis ministre de la Justice, vise un deuxième mandat. Son arrivée au pouvoir en 2020 avait rassuré les marchés financiers et les institutions internationales, notamment le Fonds monétaire international qui avait accordé un prêt pour aider le pays à restructurer sa dette abyssale.

Auteur de réformes économiques impopulaires pour sortir du surendettement, il promet, grâce à l'or noir, des investissements dans l'agriculture, le tourisme, la santé, l'éducation et les énergies vertes.

Le Parti de la réforme progressiste (VHP) du président Santokhi et le Parti démocratique national (NDP) de Mme Simons sont au coude-à-coude dans les intentions de vote. Ils ont affirmé qu'ils ne feraient pas alliance.

M. Santokhi, polo orange (couleur de son parti) sous sa veste, a voté en compagnie de la Première dame en périphérie de la capitale Paramaribo et demandé à ses concitoyens de lui donner "le mandat pour terminer notre tâche". "Beaucoup de choses ont été accomplies mais le travail n'est pas terminé", a-t-il dit à l'AFP.

Son opposante principale, présidente de l'Assemblée nationale, Jennifer Simons, a dit à l'AFP vouloir "être au pouvoir pour (s)'assurer que la population bénéficie réellement" des revenus attendus du pétrole en "établissant une loi selon laquelle toutes les entreprises devront travailler avec des Surinamais et acheter des produits du Suriname".

- Alliances -

Avec un corps électoral de 399.937 inscrits, la marge d'erreur est grande, et l'incertitude sur le score tout autant.

Sans majorité, les principaux partis devront nouer des alliances avec de petites formations qui monnayeront leur soutien contre une place dans le futur gouvernement.

Sur le NDP plane toujours l'ombre tutélaire de son ancien dirigeant Desi Bouterse, qui a dirigé le pays d'une main de fer après un coup d'Etat en 1980, puis démocratiquement entre 2010 et 2020. Sous son mandat, le Suriname était considéré comme un narco-Etat.

Condamné aux Pays-Bas pour trafic de cocaïne et au Suriname pour le meurtre d'opposants en 1982 lorsqu'il était chef de la junte, M. Bouterse est décédé en décembre dans la clandestinité. Sa figure reste toutefois célébrée, notamment parmi la classe populaire où son franc-parler faisait merveille. Sa veuve a activement participé à la campagne électorale et est candidate à la députation.

Les résultats officiels sont attendus d'ici deux à trois semaines. La nouvelle Assemblée nationale aura dès lors un mois pour se réunir et élire à la majorité des deux tiers le président et le vice-président.

R.Evans--VC