Vancouver Courier - Défense, santé, nucléaire: Londres à l'heure des choix budgétaires

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Défense, santé, nucléaire: Londres à l'heure des choix budgétaires
Défense, santé, nucléaire: Londres à l'heure des choix budgétaires / Photo: © POOL/AFP/Archives

Défense, santé, nucléaire: Londres à l'heure des choix budgétaires

Londres a distillé ces derniers jours les milliards de livres d'investissements... tout en restant discret sur les inévitables coupes à venir dans les dépenses: la ministre des Finances Rachel Reeves dévoile mercredi ses choix budgétaires lors d'une présentation aussi attendue que redoutée.

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Le gouvernement britannique va "investir dans la sécurité, la santé et l'économie" du pays, a déjà résumé Mme Reeves dans des déclarations publiées en amont de son discours, prévu en milieu de journée devant les députés britanniques.

Après un passage en revue détaillé des dépenses et des recettes, amorcé dès le retour au pouvoir des travaillistes en juillet dernier, l'heure et venue d'annoncer, parmi les ministères, qui gagne et qui perd.

Des hausses de budget pour la défense sont déjà actées. Londres prévoit de porter son budget militaire à 2,5% du produit intérieur brut (PIB) d'ici 2027, et jusqu'à 3% à horizon 2034, au détriment du budget dédié à l'aide internationale au développement. Le pays pourrait encore augmenter ces dépenses militaires.

Le service public de santé (NHS), sous-financé depuis des années mais extrêmement coûteux, s'est quant à lui déjà vu promettre une hausse des dépenses courantes à court terme et pourrait bénéficier d'une généreuse rallonge jusqu'à 2030.

- "Coupes indispensables" -

Mais d'autres ministères vont devoir se serrer la ceinture, comme "l'Intérieur, les Transports, les autorités locales, la police ou les prisons", estime Joe Nellis, du cabinet de conseil MHA.

Des coupes d'autant plus délicates que la Chancelière de l'Echiquier (titre officiel de Mme Reeves) a déjà tranché dans les dépenses à hauteur de plusieurs milliards de livres lors d'une présentation budgétaire en mars, rognant dans les aides pour les personnes handicapées ou les coûts de fonctionnement de l'administration centrale, réduits de 15%.

Elle a en revanche accepté cette semaine de revenir sur la suppression d'une aide au chauffage universelle pour les retraités, décision impopulaire jusque dans son propre camp travailliste.

"Il reste peu de marge de manœuvre pour des coupes budgétaires indispensables", prévient Kathleen Brooks, directrice de recherche pour XTB.

Mais si la Chancelière vise l'équilibre des recettes et des dépenses de fonctionnement, elle s'est donné davantage de marge de manœuvre sur l'investissement. Grâce à un changement des règles budgétaires à l'automne, le pays peut désormais emprunter davantage dans ce but.

Conséquence: une manne de 113 milliards de livres (134 milliards d'euros) supplémentaires sur cinq ans est venue s'ajouter aux près de 120 milliards annuels d'investissements déjà prévus.

- Economie atone -

"Les investissements publics devraient être à des niveaux historiquement élevés dans les années à venir", selon le très respecté Institut des études budgétaires (IFS). "Bien dépensé, cet argent devrait contribuer à la croissance et à de meilleurs services publics", note-t-il.

L'exécutif prévoit d'investir 86 milliards de livres d'ici 2030 dans les sciences et technologies ou encore la défense, 30 milliards de livres pour le nucléaire (dont près de la moitié pour le projet de nouvelle centrale Sizewell C, porté par le groupe français EDF), mais aussi plus de 15 milliards pour les transports publics dans les régions urbaines d'Angleterre.

Mme Reeves devrait aussi confirmer l'octroi de 39 milliards de livres sur dix ans dans "un programme de logements abordables", afin de "donner un coup de fouet" à la promesse travailliste de construire 1,5 million de logements dans l'ensemble du Royaume-Uni, selon un communiqué.

Le gouvernement du Premier ministre Keir Starmer espère que cela l'aidera à relancer une économie atone, pénalisée aussi par la guerre commerciale lancée par les Etats-Unis.

Le PIB du Royaume-Uni a progressé de 0,7% au premier trimestre, plus que prévu, mais les économistes préviennent que cela risque de ne pas durer.

"Si la croissance ne se confirme pas, (Mme Reeves) devra soit réduire davantage les dépenses publiques, soit augmenter à nouveau les impôts" lors de son budget d'automne, prévient Joe Nellis.

T.Scott--VC