

La tension monte entre les démocrates de Californie et le camp Trump
Un sénateur américain qui tentait jeudi d'interpeller une ministre de Donald Trump a été évacué de force et menotté, nouvel accès de tension entre les démocrates et l'administration sur sa politique anti-immigration, au coeur des récentes manifestations à Los Angeles.
Cette ville à l'importante population hispanique est depuis des jours le théâtre de manifestations contre l'interpellation musclée d'étrangers en situation irrégulière, dans l'ensemble pacifiques mais également marquées des dégradations et des violences.
Donald Trump a attribué jeudi le relatif retour au calme à Los Angeles depuis deux jours au déploiement d'environ 4.000 réservistes des Gardes nationaux et 700 Marines qu'il a ordonné. Mais le couvre-feu décrété par la maire démocrate de la ville a aussi pu y contribuer.
La justice doit se pencher jeudi sur le recours du gouverneur de Californie Gavin Newsom contre l'envoi exceptionnel de militaires sans l'assentiment des autorités locales, qui dénoncent un virage autoritaire.
Gavin Newsom "avait totalement perdu le contrôle de la situation. Il devrait me dire MERCI de lui avoir sauvé les fesses, au lieu d'essayer de justifier ses erreurs et son incompétence!!!", a asséné le président jeudi.
Figure centrale de l'opposition démocrate, M. Newsom, 57 ans, est considéré comme un possible candidat démocrate à la présidentielle de 2028.
- Sénateur à terre -
Si le gouverneur de Californie a dénoncé "le fantasme fou d'un président dictatorial", c'est un autre démocrate de l'Etat qui s'est retrouvé sous les projecteurs jeudi.
Le sénateur Alex Padilla a été évacué manu militari pour avoir interrompu une conférence de presse à Los Angeles de la ministre de la Sécurité intérieure Kristi Noem, selon un photographe de l'AFP.
Dans une vidéo virale, on l'entend s'identifier et interpeller la ministre avant d'être forcé à terre et menotté par les agents.
La porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, a affirmé sur X que "le sénateur Padilla devrait avoir honte de son comportement puéril".
Le sénateur et la ministre ont ensuite échangé pendant un quart d'heure, d'après la porte-parole de cette dernière, Tricia McLaughlin.
Mais le sort réservé au sénateur, poste particulièrement prestigieux aux Etats-Unis, a indigné les démocrates, leur chef de file au Sénat Chuck Schumer évoquant des "relents de totalitarisme".
Au Congrès, une dizaine de parlementaires d'origine hispanique sont allés dans les bureaux du chef de la Chambre des représentants, le républicain Mike Johnson, pour lui demander de défendre leur collègue et "l'institution du Congrès, contre-pouvoir démocratique" .
"Il y a une campagne d'intimidation pour essayer de réduire au silence l'opposition", a affirmé l'élu démocrate Adriano Espaillat.
- "Ils ont peur" -
Dans la deuxième métropole du pays, la situation semblait revenue à un certain calme.
"En général, tout est sous contrôle ici à Ground Zero", a déclaré à l'AFP Lynn Sturgis, enseignante à la retraite de 66 ans, devant les bureaux du gouvernement fédéral, épicentre des manifestations dans le centre-ville.
Les manifestations se sont étendues ces derniers jours à d'autres villes américaines, toujours dans des proportions limitées, comme à Las Vegas, Dallas, Austin, Chicago, Atlanta ou Boston.
Les migrants "ont autant le droit que nous d'être ici, peu importe s'ils sont arrivés légalement ou illégalement", a déclaré une manifestante prénommée Apples au Las Vegas Review Journal. "Cela me rend malade pour mon petit ami et sa famille. Ce sont des réfugiés cubains, ils ont peur d'aller faire les courses, d'aller travailler".
Au Mexique, d'où sont originaires nombre de sans-papiers présents au Etats-Unis, la présidente Claudia Sheinbaum a expliqué avoir dit à un haut responsable américain qu'elle n'était "pas d'accord sur le fait de recourir à des descentes de police pour arrêter des personnes qui travaillent honnêtement".
Donald Trump avait promis pendant sa campagne de s'en prendre aux "criminels venus de l'étranger".
Mais ses efforts pour lutter contre l'immigration clandestine ont largement dépassé ce cadre et visé en particulier les immigrés latino-américains, indispensables à certains secteurs d'activité.
Sur le plan économique, il a admis devoir "faire quelque chose" rapidement pour préserver les nombreux travailleurs immigrés de l'agriculture et de l'hôtellerie.
Y.Nelson--VC