

En mer de Chine, Japon, Etats-Unis et Philippines simulent des scénarios de crise
Un homme qui tombe à la mer, deux bateaux qui entrent en collision: pendant cinq jours, Japon, Etats-Unis et Philippines ont simulé des situations de crise lors d'exercices maritimes dans les eaux disputées de la mer de Chine.
Il s'agit de la deuxième coopération de ce type entre les trois pays, après un premier exercice maritime organisé aux Philippines en 2023.
Ces exercices, qui se sont achevés vendredi, se sont déroulés au large de la côte sud-ouest du Japon, près de la ville de Kagoshima. Ils surviennent après une mise en garde des trois pays sur les activités chinoises en mer de Chine méridionale.
Pékin revendique la quasi-totalité de cette mer, malgré une décision de justice internationale de 2016 statuant que ses revendications n'ont aucun fondement juridique.
Cette mer est ainsi le théâtre depuis des années d'affrontements entre la Chine et les Philippine. Des face-à-face réguliers ont également lieu entre patrouilleurs chinois et japonais autour d'îles disputées en mer de Chine orientale.
Dans ce contexte tendu, des dizaines de personnes ont pris part cette semaine aux exercices conjoints Japon-Etats-Unis-Philippines. Au dernier jour, les trois pays alliés ont chacun mobilisé un navire de leur garde-côtière: le patrouilleur BRP Teresa Magbanua pour les Philippines, la vedette USCGS Stratton pour les Etats-Unis et le patrouilleur Asanagi pour le Japon.
- Opérations de sauvetage -
Ces cinq jours d'exercice se sont conclus vendredi par la simulation d'une chute d'un homme en mer.
Une fois le mannequin dans l'eau, repérable à son gilet de sauvetage rouge vif, un drone américain a décollé du Stratton avant de survoler la zone.
Une petite embarcation philippine a alors été déployée depuis le Teresa Magbuna, filant à toute vitesse en direction du mannequin pour le repêcher avant les garde-côtes.
D'autres scénarios simulant des opérations de sauvetage ont été imaginés lors de ces exercices: le sauvetage d'un homme en mer par un hélicoptère japonais, la collision entre deux bateaux ou encore l'incendie d'un navire, que trois bateaux des garde-côtes japonais ont éteint à l'aide de canons à eau.
- "Confiance" -
Ces manœuvres, selon des responsables, ne visent officiellement aucun pays en particulier, mais la rhétorique employée reprend celle de Washington et de ses alliés pour évoquer implicitement la Chine.
Pour Naofumi Tsumura, chef des garde-côtes japonais, elles ont permis aux trois pays de "renforcer la compréhension et la confiance mutuelles".
"Plus que tout, nous avons renforcé la coordination et la coopération entre nous", estime-t-il.
L'an dernier, Tokyo, Manille et Washington avaient publié une déclaration conjointe au ton ferme à l'égard de Pékin. "Nous exprimons nos vives préoccupations concernant le comportement dangereux et agressif de la République Populaire de Chine en mer de Chine méridionale", indiquait alors le texte.
La semaine dernière, Tokyo et Pékin se sont mutuellement critiqués à la suite de rapprochements jugés dangereux entre des avions militaires au-dessus du Pacifique.
Vendredi, Manille a accusé Pékin d'avoir tiré au canon à eau sur deux de ses bateaux qui tentaient de ravitailler des pêcheurs philippins près du récif contesté de Scarborough Shoal, situé à 240 km à l'ouest des côtes philippines et à 900 km au sud-est de l'île chinoise de Hainan.
T.Scott--VC