

Gaza: 63 personnes tuées jeudi, l'Espagne dénonce un "génocide"
La bande de Gaza vit jeudi une nouvelle journée meurtrière, avec 63 personnes tuées par l'armée israélienne selon les secours, le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, dénonçant un "génocide".
Après plus de 20 mois d'un conflit dévastateur, la population de Gaza est au bord de la famine, alerte l'ONU.
La Défense civile de Gaza a annoncé que 63 personnes, dont six qui attendaient de recevoir de l'aide, ont été tuées par des tirs israéliens jeudi dans différents secteurs du territoire palestinien.
Le porte-parole de cette organisation de premier secours, Mahmoud Bassal, a révisé à la hausse un premier bilan de 35 morts en faisant état de 17 nouvelles victimes après une frappe israélienne sur des civils rassemblés dans la ville de Deir al-Balah, au centre de la bande de Gaza.
La Défense civile a ensuite ajouté que sept Palestiniens, dont un enfant, avaient été tués dans des frappes israéliennes sur des véhicules près de Khan Younès (sud) et des civils dans le camp de réfugiés de Nousseirat (centre).
Sollicitée par l'AFP, l'armée israélienne a dit "examiner" des informations faisant état de blessés près du carrefour de Netzarim (centre), où des gens s'étaient rassemblés. Des soldats "ont tenté d'empêcher les suspects de s'approcher et tiré des coups de semonce", a-t-elle indiqué.
- "Génocide" -
Israël a partiellement assoupli fin mai un blocus total imposé au territoire palestinien début mars, qui a entraîné de très graves pénuries de nourriture, médicaments et autres biens de première nécessité.
Les autorités israéliennes ont mis en place un mécanisme de distribution d'aide piloté par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), mais ses opérations donnent lieu régulièrement à des scènes chaotiques et meurtrières.
L'armée poursuit ses frappes et opérations à Gaza, dans le cadre d'une offensive visant, selon les autorités, à anéantir le groupe islamiste palestinien Hamas, en représailles à son attaque sans précédent contre Israël le 7 octobre 2023.
Le Premier ministre espagnol, Pedro Sánchez, l'une des voix les plus critiques au sein de l'UE contre le gouvernement israélien, a qualifié jeudi de "génocide" la guerre dans la bande de Gaza.
Il a réclamé "un accès immédiat et urgent à l'aide humanitaire" dans le territoire palestinien, piloté par "les Nations unies".
L'attaque du 7-Octobre a entraîné côté israélien la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles.
L'opération de représailles israéliennes a entraîné la mort de 56.156 Palestiniens, majoritairement des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.
Jeudi, des Palestiniens se sont réunis dans la cour d'un hôpital de Deir al-Balah (centre) devant des sacs mortuaires tâchés de sang contenant les corps de leurs proches tués dans une frappe israélienne.
"Ils ont tué le père, la mère et les frères, seulement deux filles ont survécu. L'une est un bébé âgé de 14 mois, l'autre a cinq ans", a déclaré une femme endeuillée.
Depuis fin mai, près de 550 Gazaouis ont été tués à proximité des sites d'aide humanitaire, selon le ministère de la Santé du Hamas.
- Pression croissante -
Le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme a qualifié mardi de "crime de guerre" l'utilisation de la nourriture comme une arme à Gaza, exhortant l'armée israélienne à "cesser de tirer sur les personnes qui tentent de s'en procurer".
"Le soi-disant +mécanisme+ d'aide récemment créé est une abomination (...) C'est un piège mortel", a fustigé Philippe Lazzarini, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA).
La GHF a nié que des incidents meurtriers se soient produits à proximité immédiate de ses points d'aide.
Compte tenu des restrictions imposées aux médias par Israël à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain de guerre, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans fournis par les organisations opérant sur place.
Mercredi, le président américain Donald Trump a déclaré que de "grands progrès" avaient été réalisés en vue d'un cessez-le feu à Gaza.
Le Premier ministre israélien ,Benjamin Netanyahu, fait face à une pression croissante de l'opposition, de proches d'otages détenus à Gaza et même au sein de sa coalition, pour mettre fin aux combats.
Le Qatar, principal médiateur, a annoncé mardi le lancement d'une nouvelle initiative en faveur d'un cessez-le-feu.
Un responsable du Hamas, Taher al-Nunu, a déclaré mercredi à l'AFP que les discussions avec les médiateurs s'étaient "intensifiées".
Le gouvernement israélien a affirmé que les efforts pour ramener les otages du 7-Octobre encore retenus à Gaza - 49 dont au moins 27 sont morts -se poursuivaient "sur le champ de bataille et par le biais de négociations".
V.Gonzalez--VC