Vancouver Courier - Trump et Von der Leyen se retrouvent en Ecosse pour tenter d'arracher un accord douanier

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Trump et Von der Leyen se retrouvent en Ecosse pour tenter d'arracher un accord douanier
Trump et Von der Leyen se retrouvent en Ecosse pour tenter d'arracher un accord douanier / Photo: © AFP

Trump et Von der Leyen se retrouvent en Ecosse pour tenter d'arracher un accord douanier

Le président américain Donald Trump et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen se sont retrouvés dimanche à Turnberry en Ecosse pour tenter de conclure un accord douanier, dont ils estiment les chances à "50-50".

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L'heure tourne: le républicain de 79 ans, lancé dans une vaste offensive protectionniste, se donne jusqu'au 1er août avant d'assommer les produits européens entrant aux Etats-Unis de droits de douane de 30%.

Il a accueilli peu avant 17H00 (16H00 GMT) la dirigeante européenne, qu'il a qualifiée de femme "très respectée", dans le luxueux complexe de golf appartenant à sa famille sur la côte ouest de l'Ecosse.

Ursula von der Leyen a quant à elle vanté les talents de "redoutable négociateur" du milliardaire, et reconnu la nécessité de "rééquilibrer" la relation commerciale transatlantique.

Tous deux ont évalué les chances d'un accord à "50-50", en s'exprimant devant des journalistes avant leur entretien.

Le dirigeant américain a estimé qu'il restait "quelques problèmes" à régler. Si un accord est acté "ce serait le plus important" jamais conclu pour les deux parties, a-t-il encore affirmé.

Il a toutefois affirmé que l'UE ne bénéficierait pas de droits de douane inférieurs à 15%, un niveau comparable avec l'accord trouvé plus tôt ce mois-ci avec le Japon.

Toute entente devra être validée par les Etats membres de l'UE. Leurs ambassadeurs, en déplacement au Groenland, ont été informés dimanche matin des dernières tractations, et devront à nouveau se concerter en cas de fumée blanche.

Peu avant les discussions, un diplomate européen avait indiqué qu'un "accord politique (était) sur la table". "Mais il dépend de l'imprimatur de Trump qui tient à négocier l'accord jusqu'au dernier moment", avait-il souligné.

Avant sa rencontre avec la dirigeante européenne, Donald Trump s'est de nouveau accordé du temps dimanche matin pour une partie de golf.

Le ton aimable adopté à l'égard d'Ursula von der Leyen tranche avec les invectives dont le républicain accable l'Union européenne, selon lui créée dans le but d'"arnaquer" les Etats-Unis.

D'après plusieurs sources européennes, le texte en discussion prévoit des surtaxes douanières de 15% sur les exportations européennes à destination des Etats-Unis, avec un traitement plus favorable pour des secteurs comme l'aéronautique et les spiritueux - mais pas pour le vin.

Donald Trump a indiqué dimanche que le secteur pharmaceutique ne bénéficierait pas d'un traitement particulier.

Un tel résultat confirmerait que les échanges transatlantiques sont entrés dans une nouvelle ère, celle d'un protectionnisme américain décomplexé. Jusqu'au retour au pouvoir de Donald Trump, ils étaient marqués par un niveau de droits de douane américains de 4,8% en moyenne.

Dans les faits, le taux effectif appliqué par les États Unis aux marchandises européennes se monte actuellement à près de 15%, si l'on additionne la surtaxe de 10% d'ores et déjà appliquée par le gouvernement américain et le taux de 4,8% pré-existant.

Mais un accord aurait le mérite, selon les analystes, de lever l'incertitude, ce redoutable poison en matière commerciale.

- "Bazooka" -

L'UE en échange s'engagerait à accroître ses achats de gaz naturel américain et à une série d'investissements.

L'Union européenne est actuellement soumise à une taxe de 25% sur les voitures, de 50% sur l'acier et l'aluminium, ainsi qu'à des droits de douane généraux de 10%.

Si Ursula von der Leyen et Donald Trump ne parvenaient pas à s'entendre, Bruxelles assure être prêt à riposter en taxant des produits et des services américains.

L'exécutif européen, sous l'impulsion de certains pays comme la France, pourrait aussi geler l'accès aux marchés publics européens ou bloquer certains investissements.

Dégainer ce "bazooka" - appelé instrument "anticoercition" dans le jargon bruxellois - entraînerait l'Europe et l'Amérique dans une escalade diplomatico-économique inouïe.

- Epstein -

Donald Trump affirme être en position de force. Mais certains sondages montrent que les Américains doutent de sa stratégie douanière et de sa conduite des affaires en général.

Dans une récente enquête d'opinion Gallup, sa cote de confiance est tombée à 37%, 10 points de moins qu'en janvier.

Le milliardaire new-yorkais, qui s'est toujours joué des scandales et des poursuites pénales, peine à se dépêtrer de l'affaire Jeffrey Epstein.

Il est accusé de manquer de transparence sur les relations qu'il entretenait avec ce riche financier, mort en prison avant un procès pour crimes sexuels qui s'annonçait retentissant.

Faire état d'un accord avec l'UE, en promettant des retombées pharaoniques sur l'économie américaine, et dans la foulée de ceux conclus ces derniers jours avec le Japon, le Vietnam, les Philippines et l'Indonésie, pourrait être une diversion bienvenue.

Lundi, c'est avec la Chine que des négociateurs américains s'efforceront, au cours d'une rencontre à Stockholm, d'éviter une reprise de l'escalade commerciale.

F.Anderson--VC