Vancouver Courier - Face aux menaces d'ingérences russes, l'UE veut muscler ses aides aux médias

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Face aux menaces d'ingérences russes, l'UE veut muscler ses aides aux médias
Face aux menaces d'ingérences russes, l'UE veut muscler ses aides aux médias / Photo: © AFP/Archives

Face aux menaces d'ingérences russes, l'UE veut muscler ses aides aux médias

Mieux financer les médias, protéger l'organisation des élections... La Commission européenne va dévoiler mercredi son "bouclier démocratique", un ensemble de mesures destinées à contrer la "guerre d'influence" menée par la Russie en Europe.

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Dans ce document, consulté lundi par l'AFP, l'exécutif européen accuse Moscou de "chercher à éroder la confiance dans les systèmes démocratiques" en diffusant des "informations trompeuses" et en "falsifiant des faits historiques".

Elle prend pour exemple l'élection présidentielle roumaine de novembre 2024, où le candidat d'extrême droite Calin Georgescu était arrivé en tête du premier tour après une campagne massive sur TikTok, marquée par des soupçons d'ingérence étrangère.

"Au-delà de sa guerre d'agression brutale contre l'Ukraine, la Russie intensifie également ses attaques hybrides, menant une guerre d'influence contre l'Europe", affirme Bruxelles.

- Comme des "infrastructures critiques" -

Afin de contrer ces menaces, la Commission entend renforcer ses aides financières aux médias, même si cette feuille de route est pour l'heure dénuée de montants précis.

Elle prévoit tout particulièrement de lutter contre les "déserts médiatiques", ces zones rurales où les rédactions locales ferment, faute de moyens. Et veut favoriser le pluralisme en surveillant de plus près les fusions de groupes médiatiques.

L'UE prévoit aussi de lancer un centre pour mieux coordonner la lutte contre les ingérences étrangères à échelle européenne.

En plus de la désinformation, elle identifie deux grosses menaces qui pèsent sur les processus électoraux et institutions du continent: les cyberattaques et le développement accéléré de l'intelligence artificielle.

"Les processus électoraux doivent être considérés comme des infrastructures critiques, au même titre que des câbles sous-marins", assure l'eurodéputée Nathalie Loiseau dans un entretien à l'AFP.

Les propositions de la Commission vont d'ailleurs dans la "bonne direction", estime l'élue, qui regrette toutefois que Bruxelles ne mette pas en place "ce qui existe déjà". A commencer par faire aboutir son enquête visant le réseau social X, accusé d'entraves répétées aux règles européennes sur le numérique, mais pas encore sanctionné.

"On ne peut pas avoir une enquête sur X qui est bouclée depuis aussi longtemps et ne pas en connaître les résultats ni les conséquences", affirme-t-elle.

Sollicitée sur cette question lundi, la Commission a assuré avoir besoin de "bases solides" pour "prendre des décisions définitives" contre le réseau social.

- "Pas de solutions à la hauteur" -

L'UE pourrait être plus ambitieuse et forcer les plateformes à donner davantage de visibilité aux médias fiables via leurs algorithmes, plutôt qu'à des comptes partageant de la désinformation, plaide pour sa part Reporters sans frontières.

Pour l'ONG française, le texte que la Commission s'apprête à dévoiler pose effectivement "le bon diagnostic", mais il "n'avance pas de solutions à la hauteur des enjeux".

En plus de soutenir les médias et de protéger les institutions démocratiques, la Commission souhaite par ailleurs aider à combattre la violence visant les journalistes et les responsables politiques.

Selon un rapport, près de deux tiers des partis politiques ont fait part de menaces, violence ou harcèlement, en ligne ou en personne, lors des dernières élections européennes de 2024.

Parmi les personnes les plus visées: les femmes et les minorités.

F.Morgan--VC